Réagissez !

Photographies de
Hamid Debarrah

photophages !

Photogaphie de Hamid Debarrah Hamid Debarrah se joue de la nature morte. Il procède de la résurrection de tous ces objets usinés qui effacent le procès de leur création, et partant de leur fonction. Ses photos procèdent de l’oral. Témoins la voracité des ustensiles de cuisine qu’il dénude jusqu’au grain. On ne mange pas dans les assiettes de Hamid. Que dire de cette assiette visiblement repue qui porte allongé sur ses bords une sardine réduite à ses arêtes ? Oui, elle s’est offerte le poisson !
La dentelle est vénéneuse, ses mailles arborent des araignées carnivores.
L’écumoire est une main au henné qui n’attend qu’à s’abattre sur notre bouche écumeuse.
Gare à la fibule truffée de judas, la boucle qui la surmonte appelle la potence.
Le pilon ne pile pas, il surveille le mortier qu’il ne reçoive des épices.
Ici les plats reçoivent la lune vengeresse décrochée par la sorcière, et surtout ne mangez pas le couscous qui s’y roule.
Quand Hamid Debarrah s’attelle au portrait, c’est pour le creux de la ride qui désillusionne la jeunesse, ou le flou fuyant des traits, sans identité rassurante.
Si les objets sont libérés de leur mort, les portraits sont capturés. Faut qu’ils parlent. Mais ils n’ont rien à nous dire si ce n’est leurs négatifs, une humanité trahie, un exil foutu, un avenir squelettique.
Conseil : ne vous approchez pas trop des photos de hamid Debarrah, des objets s’y détachent comme des langues de caméléon.

Et il n’y a pas d’insectes heureux !

Achour Ouamara